Le Championnat d'Europe de football met le cap à l'Est

Publié le par Wawrzek Lothringer

L'annonce faite par Michel Platini mardi 18 avril en fin de matinée au sujet de l'organisation du futur Championnat d'Europe de football de 2012 a soulevé une grande vague d'euphorie en Pologne et en Ukraine. Les deux pays sont les premiers pays de l'ancienne Europe communiste à accéder à cette grande responsabilité, alors même qu'ils ne présentaient leur candidature que pour la première fois. Le résultat a déjoué tous les pronostics car l'Italie, nation majeure de ce sport, était également candidate à l'organisation de la compétition. Le président de l'UEFA a confié qu'il avait à titre personnel apporté sa voix à l'Italie, ce qui ne l'a pas empêché de se réjouir du choix incontestable (8 sur 12) des votants et salué le sérieux du dossier des vainqueurs.

Après l'irrésistible enthousiasme populaire qui a traversé les deux Etats slaves et qui s'est même traduit concrètement par une hausse spectaculaire de la Bourse de Varsovie (entre +10% et +30% sur la journée), les immenses responsabilités liées à l'événement vont certainement vite prendre le dessus. En effet, le Championnat d'Europe de football est considéré comme le troisième événement sportif de la planète, après les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de football. Le nombre de visiteurs et de téléspectateurs sera considérable, d'où un besoin impérieux de structures adaptées.

Les rencontres se dérouleront dans huit stades répartis dans les deux pays co-organisateurs. Pour les villes concernées, l'enjeu dépasse d'ores et déjà le simple cadre sportif tant le défi est immense : les retombées économiques (tourisme, investissements) seront considérables, le moindre bémol dans l'organisation serait très préjudiciable. Les secteurs tels que l'hôtellerie, la restauration, les transports, la sécurité, les infrastructures, les télécommunications ou le bâtiment sont concernés en première ligne. L'organisation de l'événement devrait entre autres permettre d'accélérer la mise en place de réseaux autoroutiers modernes, vaste chantier qui a pris beaucoup de retard depuis plusieurs années. Par exemple, les deux villes les plus éloignées parmi les huit heureuses élues sont Gdańsk au nord de la Pologne et Donetsk au sud de l'Ukraine, soit près de 2000 kilomètres : actuellement, il n'y a que 23 kilomètres d'autoroute sur ce parcours soit environ 1% ce qui est très insuffisant. Ce qui était déjà une priorité nationale en Pologne (on estime de 1 à 2% la croissance perdue chaque année depuis 1989 du seul fait de la vétusté du réseau) mais n'avait jamais été convenablement pris à bras-le-corps par les pouvoirs publics, devient une urgence et un défi qui devra être relevé sous l'œil implacable de l'opinion publique internationale.

Il s'agit désormais de se montrer à la hauteur de ce succès et donner tort aux quelques voix discordantes qui ont tenté de se faire entendre dès le lendemain de cette annonce. Les presses italienne et russe ont notamment multiplié les éditoriaux au vitriol, la première servant le couplet bien connu de la condescendance à l'égard des pays de l'Est, la seconde exprimant des doutes sur l'honnêteté du scrutin. Le journal Komsomolskaïa Pravda se distingue notamment en affirmant que la Pologne ne doit ce succès qu'à sa docilité envers les Etats-Unis (!) et son soutien à toutes les prises de position anti-russes de l'Union Européenne. Les rancuniers ne pourront s'empêcher de remarquer que les  instances du football n'ont encore jamais confié à la Russie l'organisation d'une compétition majeure mais ce type de propos outranciers ne suffit visiblement pas à doucher l'enthousiasme des Polonais et des Ukrainiens. La presse ukrainienne voit même dans cette désignation rien moins qu'une reconnaissance de l'indépendance du pays et un formidable coup de pouce à son développement économique. Tout un programme…

Publié dans Pologne-Actualité

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R
en effet, la nomination réjouit les polonais et tous voient un côté positif!<br /> seul bémol: les personnes en quête d'achat immobilier veulent se presser à trouver un logement afin d'éviter la hausse qui se fait déjà ressentir...
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